Partie III
Dopage sportif : Aspects psychologique et sociaux.

Il est tentant de caractériser le dopage comme une déviance. Si le sport est fondé sur le principe d'égalité des chances, le dopage est illégal et déviant puisqu'il cherche à faire bénéficier d'un avantage indu.
Le comportement déviant s'apprend par l'interaction avec d'autres personnes et se déroule dans un cadre restreint de relations personnelles. Le dopage est donc le résultat d'une coopération qui implique aussi bien les athlètes que les médecins ou les entraîneurs.
En effet, dans l'arène sportive, si tricher ou se doper sont peut-être liés aux nouveaux enjeux du sport, ce sont aussi des applications du principe qui consiste à jouer aux limites de ce qui est autorisé par les arbitres et les règles. De plus, ce qui est déviant dans la société ne l'est pas dans le sport, et n'est pas vu comme tel par la société : la vitesse excessive, l'échange de coups, les échanges affectifs entre personnes du même sexe.
De plus, le développement des médecines alternatives assure une offre de produits qui jouent sur le décalage permanent entre les innovation et la connaissance scientifique, toujours limitée et en retard, des effets, ce qui entraîne un manque de crédibilité des messages éducatifs et la valorisation de l'automédication.
Le corps est un instrument de travail, la souffrance fait partie de l'expérience corporelle, de l'habitus (comportement d'un groupe sociale): les sports durs permettent de gagner sa vie et le dopage est un moyen légitime de le faire le mieux possible pour durer. Ces analyses voient le sportif comme un travailleur qui gère la durée de sa carrière, l'intensité de son travail, ses blessures, son stress, et voit dans le dopage un recours pour gagner ou rester et durer dans la carrière.
Les troubles de l'après carrière, ou ceux qui surgissent pendant la vie sportive, seront alors interprétés comme une addiction au travail musculaire ou comme des recherches du programme d'entraînement à remplir. Cette addiction pourra aussi bien se traduire par pratique sportive intensive, une défonce toxicomaniaque, en clair des excès.
L'avenir du dopage

Vous l'avez certainement compris, le dopage n'est pas près de s'arrêter, il serait cependant criminel d'être pessimiste au point de s'engager dans la politique du laisser faire, comme il aurait été criminel de ne rien faire contre dans le passé.
La nature humaine est telle qu'il y aura toujours des "tricheries" ou un système l'encourageant, la cupidité, l'ambition, la faiblesse, le pessimiste, tout ce qui est humain encouragera peut-être à l'avenir à dénaturer l'organisme des athlètes car désormais le dopage est entrée dans l'ère génétique...
Depuis peu les scientifiques ont décodés la carte génétique humaine et même s'ils ne maîtrisent pas l'ensemble des interactions entre les gènes et des rétroactions entre gènes et "environnement", ils peuvent "manipuler" les propriétés de l'organisme. Introduire de nouvelles bases afin de changer les propriétés de tels gènes codant pour tels tissus, agir sur l'expression de tel gène afin qu'il n'entrave pas l'action de tel autre… Actuellement les techniques des génies génétiques permettent de synthétiser des molécules tout simplement c'est à dire copier des molécules naturelles et les faire se multiplier in vitro. Bientôt d'autres substances contrôlant la croissance des neurones, des vaisseaux, des muscles, des tendons, des os… seront bientôt à la disposition des médecins mais aussi des dopeurs . Il sera bientôt possible de prélever un morceau de muscle ou de tendon, de le faire proliférer dans une éprouvette avec un facteur de croissance et de le réimplanter au sportif. Cette technique est déjà utilisée dans le milieu médical avec du cartilage. D'ici à imaginer qu'un sportif (ou tout simplement un patient qui a besoins d'une greffe) dispose par avance de sa "banque" de tissus prêts à être utilisés en cas de pépin… Dans une telle hypothèse, il n'aurait même pas à subir des prélèvements des différents types de tissus. Rien n'empêche d'imaginer une simple ponction de cellules souches permettant, par la suite, de différencier les tissus in vitro. Quelques cellules pour un stock de muscles et de tendons prêts à l'emploi. L'échange est équitable et reste dans les limites de l'acceptable !
Mais après tout pourquoi ne pas se greffer des muscles OGM plus puissant, ou encore un nouveau cœur plus résistant ?...
Actuellement , les grands axes de recherche en cours sont :
- la modification des seuils de sensibilités des récepteurs hormonaux,
- l'amélioration du transport et de la durée de vie des hormones dans l'organisme,
- l'activation de neurotransmetteurs agissant au niveau du système nerveux central...
L'AMA(Agence Mondiale Antidopage), a déjà consacré dans son magazine Franc Jeu une édition sur les faits et dangers du dopage génétique, et aux actions entreprises par l'AMA pour faire face à cette menace, alors qu'il y a seulement deux à trois ans on en parlait à peine dans le magazine " Sciences et Avenir " la revue dérivé de la très sérieuse édition " Sciences et vie " qui pourtant parle énormément au conditionnel, cherche plus à faire rêver qu'à instruire.
|
|